
Une missive au ton ferme, émanant des Chefs de Cantons, des représentants des huit tribus et de la société civile du Département de la Basse-Banio, a été adressée au Président de la République.
Daté du 18 avril 2025 et parvenu au cabinet présidentiel le 22 avril, ce document lève le voile sur un profond malaise local concernant la représentation de Mayumba au sein de l’équipe gouvernementale.
Au cœur de leurs griefs : la légitimité et l’efficacité de la personne censée incarner les intérêts du département, nommément Syrielle Zora Kassa, actuellement Ministre de la Pêche et de la Mer.
Loin d’être une simple formalité, le document se présente comme un « plaidoyer » pour que la prochaine composition du gouvernement intègre « un.e vrai.e autochtone du Département de la Basse-Banio (Mayumba) ».
Il dresse un portrait accablant de la représentante actuelle, critiquée sur plusieurs fronts. Selon les leaders locaux, Syrielle Zora Kassa ne remplirait aucun des critères essentiels pour légitimement représenter Mayumba et sa population.

Ses origines maternelles seraient inconnues des populations locales, un point crucial dans l’appréciation de l’enracinement territorial.
Plus grave encore aux yeux des signataires, elle « ne s’identifie à aucune des huit (8) tribus de Mayumba », une distance perçue comme un déni de l’identité collective locale.
Les critiques s’étendent à sa capacité à interagir avec la population. Le document pointe des difficultés manifestes à s’exprimer dans les langues locales (ilumbu hangou, ilumbu menane, tchivili, ipuna).
Une situation qui, selon les signataires, « coupe court notre lien direct et sincère » et génère « trahison et trop de traduction nuit » et empêchent une « communication authentique et efficace ».

Pour les Chefs de Cantons et les représentants tribaux, la nomination d’un.e authentique fils ou fille du terroir est la seule garantie que « les préoccupations, les valeurs culturelles et les aspirations au développement de Mayumba seront réellement portées au sommet de l’État ».
Ils se disent prêts à accueillir favorablement et à collaborer avec une personne issue de leurs rangs, « capable de parler leurs langues, de comprendre leurs réalités et de faciliter le partenariat nécessaire à l’essor du département ».
Ce plaidoyer, rendu public par cette fuite calculée, met une pression significative sur la Présidence de la République au moment de former le prochain gouvernement.

Il souligne la fracture perçue entre la représentation officielle et les attentes profondes des populations locales, et pose avec acuité la question de la légitimité et de l’efficacité des nominations politiques sans ancrage territorial réel.
Les signataires, qui rappellent avoir apporté un soutien massif au Président lors des scrutins récents, estiment que leur loyauté doit se traduire par une représentation fidèle de leurs aspirations et de leurs réalités locales.